Bonjour,
Je vous transmets ci-dessous un texte écrit par Mélanie Azard avec qui j’ai participé au pèlerinage de l’été 2000.
« Je me souviens du Père Beschet, grand et digne, qui nous a proposé à Cécile et moi de participer au voyage en l’an 2000. Un pèlerinage qui nous fera comprendre par les dires des anciens déportés l’horreur des camps, le Struthof, Buchenwald et tous les autres.
Les grands hôtels et nos ventres toujours pleins ne nous ont pas fait oublier la vie dure de ces camps.
C’est grâce au Père Beschet que nous avons rencontré Charlotte et Marie, et notre amitié, que nous lui devons, est le symbole de la vie.
Merci Père Beschet de nous avoir inclues dans ce pèlerinage, nous y avons appris de l’Histoire, des valeurs et nous y avons trouvé l’amitié. »
Cécile DEMAISON
Annonce du décès de Clément MEIS sur les registres américains … et pourtant !
Après les marches de la mort, la colonne de déportés a été libérée par les américains à Cham et prise en charge dans l’Hôpital de campagne. Dès qu’il s’est senti capable de reprendre la route, il est parti avec un camarade par ses propres moyens pour fuir au plus vite l’Allemagne et rentrer en France pour rassurer sa famille.
Ne répondant plus présent et dans le chaos de la libération, il a été par erreur comptabilisé comme décédé.
Arrivé en France et après un long séjour à l’Hôpital du Val de Grace il s’est marié en avril 1947 avec son infirmière et a eu 4 enfants. Il est décédé à 97 ans le 6 avril 2010.
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Découvrez le récit poignant d’un survivant du camp de concentration de Flossenbürg, publié par Videos Val de Drôme.
André Truchefaud nous a quitté en août 2020 et partager son témoignage honore sa mémoire.
Prise de parole De Clément MEIS lors de la communion d’un de ses petits-fils en décembre 2005
Mon cher Eudes,
Tu as voulu être baptisé le jour de mon anniversaire. Je t’en remercie. Cela me fait un grand plaisir. C’est pour moi le plus beau cadeau de fête. Pur marquer ce jour, je voudrais te laisser l’un de mes souvenirs.
Tu sais que j’ai été durant la dernière guerre envoyé par nos ennemis dans un camp de concentration. J’en parle rarement avec les enfants car la mort était présente à chaque instant.
Ce camp était situé en Allemagne dans le haut palatinat à la frontière tchèque à 80m d’altitude. Qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente nous étions obligés de travailler de 6 heures du matin à 6 heures du soir avec une demi-heure de repas et cela avec une maigre pitance. La carrière de granit était surtout redoutée. Au moment de ce souvenir, Je faisais partie d’un petit Kommando d’une douzaine d’hommes de nationalités diverses dont j’étais le seul français. Nous étions chargés de toutes les corvées du camp. L’hiver, très long, il fallait déblayer les routes de la neige et de la glace. Un jour de grand froid nous ne pouvions plus tirer ni pousser le chariot rempli de charbon sur la petite pente qui menait aux usines de fabrication d’avions. Malgré les coups nos efforts furent vains et le chariot s’immobilisa. Le Kapo nous laissa souffler quelques instants.
C’est à ce moment que mon regard fut attiré par le paysage que nous apercevions au-dessus de la double enceinte de barbelés électrifiés de part et d’autre du mirador de surveillance. La plaine toute blanche étincelait sous le froid soleil. Habillés simplement d’une veste et d’un pantalon, les pieds dans des claquettes en bois, nous gelions.
C’est alors que j’aperçu, assez loin, un calvaire qui me semblait incongru dans cet univers concentrationnaire. Dans un éclair, toute l’histoire de Jésus Christ me revint à l’esprit. Son cheminement vers la mort portant sa croix, frappé par les soldats, injurié par la foule et renié de ses fidèles.
Ma vision s’estompa brusquement sous les coups de gourdin du Kapo… Nous reprîmes notre galère. Cette image ne me quitta plus.
Caque fois que nous allions chercher du charbon, je voyais le Christ crucifié. Chaque fois, je sentais comme une paix en moi. Je me sentais encouragé, protégé. Je n’étais plus seul dans mon enfer. Il m’accompagnait toujours.
Eudes, tu viens d’entrer par le baptême dans la communauté des chrétiens. J’espère de tout cœur que devant le chemin qui s’ouvre devant toi, tu ne seras jamais seul.
Papi
Germaine-LE-LIEVREBiographie-de-Robert-Dufour