L’assemblée générale de notre association s’est déroulée le samedi 15 octobre 2023 sur le mémorial de l’internement et de la déportation de Royallieu-Compiègne. Ce choix n’est pas le fait du hasard. Le camp de Royallieu, géré par les SS a accueilli près de 45000 prisonniers avant que ceux-ci prennent la route de la déportation dans l’univers concentrationnaire nazi. 3290 internés sont arrivés directement ou indirectement vers le camp de concentration de Flossenbürg ou dans l’un des 90 kommandos annexes.

Outre l’envie de renouer avec des visites régionales, c’est donc tout naturellement que nous avons souhaité revenir sur ce lieu de mémoire pour nous recueillir et échanger sur le futur de notre association. L’accueil a été chaleureux tant par la mairie de Compiègne qui a organisé la cérémonie de dépôt de gerbe au monument au mort de Royallieu que par le directeur du Mémorial qui nous a servi de guide tout au long de notre progression dans les différentes salles du musée.

Royallieu est l’un des 2 seuls camps d’internement français placé dès le début sous l’autorité de l’armée allemande, avec le Fort de Romainville. C’est de Compiègne, en mars 1942, que le premier convoi part de France, conduisant un millier de juifs vers Auschwitz-Birkenau. Une trentaine d’autres convois quittent le camp, de 1942 à 1944. Si certains détenus ont pu être libérés, la majorité d’entre eux ont été déportés vers les camps nazis de concentration et d’extermination.

Le Mémorial de l’internement et de la déportation a été créé en 2008 sur le site même du camp de Royallieu à Compiègne. L’ensemble du site est porteur d’histoire et de mémoire : les bâtiments, le jardin, les arbres, le tunnel. Le parcours historique prend place dans deux anciens bâtiments du camp et se raconte sur les murs des 12 salles aménagées dans le respect de la restauration des traces du passé. Les documents d’archives présentés sur le parcours, proviennent des autorités allemandes et françaises ainsi que des internés : lettres manuscrites, documents administratifs, photographies, films et témoignages sonores.

L’impressionnant Mur des Noms inauguré en 2008 a été rénové et complété. 48233 noms y figurent aujourd’hui.

Le Mémorial de l’internement et de la déportation de Compiègne permet de comprendre comment les Allemands sont passés d’une politique de répression, marquée par les fusillades d’otages, à une politique de déportation, y compris raciale, à grande échelle.

L’ensemble du groupe s’est ensuite retrouvé autour d’un sympathique repas au sein de l’auberge du Royal Lieu à 2 pas du mémorial. Moment amical toujours riche en échanges et souvenirs.

L’assemblée générale s’est tenue dans une salle du Mémorial mise à notre disposition. Nous avons profité de la technologie présente pour proposer aux adhérents qui n’avaient pas pu se déplacer de suivre cette assemblée en visioconférence. Une 1ère pour notre association dont ont pu profiter 3 adhérents.

Le compte rendu de l’AG, envoyé à tous les adhérents, retrace les points évoqués et les échanges conséquents. Un moment fort a été l’interview de Néo VERIEST que nous avions invité.

Ce jeune homme de 20 ans, passionné d’histoire et plus précisément celle de la 2nde guerre mondiale, a depuis l’âge de 14 ans, organisé dans son collège puis son lycée, des rencontres entre les élèves et d’anciens résistants et déportés pour découvrir et partager leur parcours face à la guerre. Intervention passionnante qui doit nous permettre de réfléchir au rôle de notre association dans le devoir de mémoire vis-à-vis des nouvelles générations.

À l’issue de cette assemblée générale, un 3ème temps fort a été de faire tous ensemble, à pied, le parcours de 3,5km que les déportés empruntaient du camp jusqu’à la gare de Compiègne. Parcours matérialisé par des clous au sol et jalonné par des panneaux explicatifs. À la gare de Compiègne une nouvelle cérémonie de dépôt de gerbe a été organisée par la mairie devant le mémorial du wagon de la déportation.

Après un diner animé et une bonne nuit de repos nous ne pouvions pas repartir de ce lieu sans passer par la clairière de l’armistice.

Il est environ 10h00 lorsque notre petit groupe de participants à l’AG, nous sommes une douzaine, arrivons sur ce magnifique site, de la Clairière des Deux Armistices, en pleine forêt de Compiègne, sur la commune de Rethondes.

Lieu mémorable de l’Histoire de notre pays puisque furent signés là, les seuls deux armistices jamais vécus.

D’abord un grand merci à notre guide, l’ami Dufour (Amicale des Tatoués) qui nous a accompagné tout au long des 2 jours, avec attention et empressement. Là encore, il nous fait observer, avant l’arrivée à la clairière, une pause sur un lieu mal connu : le point de départ, en forêt de Compiègne, du dernier transport de déportés vers Buchenwald (1250 hommes), le 17 aout 1944. Plusieurs stèles rappellent ce douloureux évènement.

Le site de la clairière est absolument remarquable. Y convergent en 1918 deux voies ferrées, présentes sur place, par où sont arrivés les plénipotentiaires Français et alliés, et Allemands, qui se réuniront dans le célèbre wagon pour signer enfin, la fin de la « der des der » ! C’est le premier Armistice, celui du 11 novembre 1918, demandé par l’Allemagne.

Le second, demandé par la France, sera signé, selon les souhaits de la partie allemande, dans ce même wagon, le 22 juin 1940, suspendant les hostilités entre la France et le Troisième Reich.

C’est ce wagon (ou du moins sa réplique car l’original a été détruit accidentellement à Berlin où Hitler a voulu l’exposer, en signe de revanche), qui constitue le cœur du Mémorial ouvert à la visite.

Visite que nous avons faite librement, avec cependant les conseils éclairés de notre ami Dufour. Les tenants et les aboutissants des deux démarches historiques sont parfaitement expliqués par des panneaux, des photographies (notamment stéréoscopiques) et des films d’époque.  Nombreuses sont les vitrines contenant uniformes, armes, objets divers ayant appartenu aux soldats de ces deux périodes.

À midi, nous nous sommes séparés, chacun reprenant la route, l’esprit plein d’images de douleurs, de souffrances, mais surtout de grandeur et de fierté.

Quelle riche idée d’avoir prévu cette visite au programme de notre AG! S’ajoutant à celle faite la veille au Mémorial de la Déportation et de l’Internement, elle nous a permis de faire ces sauts dans l’Histoire, qui sont aussi la raison d’être de notre association.