Shelomo Selinger, juif polonais, est entré dans l’enfer nazi à l’âge de quatorze ans. En quatre années d’horreur, il a connu neuf camps de concentration et deux marches de la mort. Comment a-t-il pu survivre ? « L’instinct, le hasard, la fraternité. Et puis, l’oubli. »
Frappé d’amnésie à la fin de la guerre, il ne retrouvera la mémoire que sept ans après sa libération. Et il lui faudra vingt années pour se lancer dans une série de plus de cent dessins au fusain représentant l’enfer des camps. Aujourd’hui encore, quand une scène lui revient, elle l’obsède et le hante, jusqu’à ce qu’il réussisse à la représenter, et à la transformer en oeuvre d’art.
Devant la caméra de Sophie Nahum, Shelomo Selinger a décrypté une soixantaine de ces dessins, les décrivant sans ordre précis, comme il le fait lorsqu’il témoigne devant des élèves. Ensemble, ils ont décidé d’en faire un livre, couchant ainsi sur le papier son témoignage, dans un travail de mémoire inestimable.
« C’est facile de ne pas y croire, car c’est inimaginable. Et pourtant c’est vrai. »