A partir de 1944, des femmes détenues, qui depuis décembre 1943, étaient au travail forcé pour la « Luftfahrtgerätewerk Hakenfelde GmbH » (LGH) à Falkenau, fondent le camp extérieur de Zwodau près de Falkenau (Sokolov) sur l’Eger. Avec des internés militaires italiens et des femmes venues de Ravensbrück, elles aplanissent un terrain triangulaire éloigné de la ville, et construisent 4 baraques pour les détenues, une infirmerie, une baraque pour l’intendance, et plus loin une baraque pour le logement des surveillants SS. Le camp était entouré de fil de fer barbelé, qui en tout cas au début, n’était pas électrifié1. A partir de fin juin 1944, les quelques 750 détenues de la zone de fabrique de Falkenau, ont déménagé vers ce camp non encore terminé. Par la suite, furent construits des miradors et une clôture électrique, une sorte de « cage aux lions », qui permettait de réduire l’investissement pour l’enfermement et la surveillance des détenues sur le chemin du travail vers l’usine2.

Les femmes venaient avant tout d’Allemagne, de France, de Pologne, de Roumanie, de Yougoslavie, et il y avait en plus dans le camp 100 Juives Hongroises3. Elles travaillaient en équipes de 12 heures de nuit, et de 12 heures de jour, et produisaient en qualité d’ouvrières non-qualifiées à la chaîne, des bobines d’usinage, des interrupteurs, des appareils de mesure etc.. pour la LGH, filiale de Siemens & Halske SA, et de Siemens Schuckertwerke SA4. L’entreprise d’armement fabriquait à forte cadence pour l’aviation, des pilotes automatiques, des appareils de navigation, compas, instruments de bord, dispositifs de communication et de mise à feu électriques5. Des expérimentations positives étaient menées, que Siemens, avec le concours des détenues de son unité de finition de Ravensbrück, a pu réaliser. Avec le concours des détenues, la direction de l’entreprise a réalisé d’énormes augmentations de chiffre d’affaires dans la fabrication d’armement, tout en ayant une meilleure protection contre les attaques aériennes à la périphérie du Reich. Comme précédemment dans le camp de Falkenau, la performance individuelle était couplée avec un système de primes. Pour les rendements supérieurs à la moyenne, les femmes recevaient une ration supplémentaire de nourriture, mais si elles n’atteignaient pas les objectifs, elles étaient punies par du travail supplémentaire et une privation de nourriture. Pendant leur temps libre, les femmes devaient souvent accomplir des travaux supplémentaires, comme par exemple traîner du charbon de Zwodau vers le camp.

Le chef du kommando de Zwodau a été jusque mi-février 1945 le capitaine SS Kurt Erich Schreiber, puis l’adjudant SS Willi Jordan, leur équipe de surveillance comptant approximativement 25 SS hommes. La chef des surveillantes, Schneider, fut plus tard relayée par Anneliese Unger. Toutes deux encadraient 20 surveillantes SS, qui surveillaient les détenues au travail. Toutes sont connues pour leurs mauvais traitements aux conséquences mortelles. A partir de septembre 1944, le camp a été rattaché à Flossenbürg. Avec le déménagement de Falkenau à Zwodau, les conditions de vie dans le camp se sont aggravées, bien que le repas soit fourni par les cuisines de l’usine ; c’est une marque incontestable de la corruption et des détournements dans le camp. Des survivantes ont reproché, en particulier à la doyenne Johanna Baumann des mauvais traitements et des rapprochements avec les SS. Mais les informations disponibles montrent que jusqu’à l’accomplissement du 1er transport d’évacuation, pendant l’hiver 1944-1945, il n’y a eu que de faibles variations du nombre de détenues, avec un faible taux de mortalité dans le camp proprement dit, ce qui indique dans la pratique que des détenues malades sont retournées au camp principal. Avec l’arrivée d’un grand nombre de femmes juives épuisées par les marches de la Mort en provenance de Freiburg, Dresde (Bernsdorf) et Helmbrechts, le nombre des détenues a augmenté en avril 1945 jusqu’à atteindre environ 2500 à 3000. En plus de l’épidémie de typhus qui a frappé les détenues en quarantaine, la situation s’est aggravée par la pénurie d’eau potable et de nourriture, au point d’atteindre un taux de mortalité de plusieurs détenues par jour.

Autour du 20 avril, les survivantes du camp 2 ont été mises sur la route en direction de Tachau près de Karlsberg. Après 3 jours de marche, les SS ont fait faire demi-tour à la colonne. A leur retour, les déportées ont trouvé les traces maquillées du camp détruit, dans lequel elles ont été libérées par les Américains le 7 mai 1945.

Dans une baraque du kommando, il y a eu une exposition sur l’histoire du camp, transférée au musée de Sokolov. Dans la baraque, il y a aujourd’hui une maison de retraite. Dans la proximité immédiate du camp de prisonniers de guerre, il y a des tombes pour les détenues, érigées par les troupes alliées, ainsi qu’une stèle datant de la Tchécoslovaquie.

La Cour de Justice de Ludwigsburg a enquêté à partir du milieu des années 60, sur les homicides survenus dans la dernière phase de la guerre, quand des centaines de détenus juifs épuisés par les marches de la Mort, sont arrivés à Zwodau. La Cour du Land de Bavière à Munich, a mené en 1974 une instruction pénale pour meurtre contre les accusés Jordan, Unger, Schmidt, et a décidé en 1979 que ce grief n’avait pas pu être établi à l’encontre des accusés.

1 Pläne des Bauabteilung der Siemenswerke für das LGW Zwodau, Barackenlager »KZ-Baracken 2, 3 u.4″ 1:100 v.24.2 und den « Plan 14, LGW Betrieb Zwodau, Lageplan Barackenlager », 1: 1000 v.4.3.1944, in: Barch Ludwigsburg, B 162 AR-Z 60/67.

2 Bescheinigung Wachführer Reschke, SS Kdo. Zwodau (betr. Schlüsselübergabe ehemalige Häftlingsunterkunft),18.7.1944, in: ebenda, B 162 AR 2629/67; Zeugenaussage Anna S., 16.12.1970, in: ebenda B 162 AR-Z 60/67.

3 Übersicht ûber Nationalitäten des weiblichen Häftlinge des Aussenkommando des KZ Flossenbürg nach dem Stande vomm 29.2.1945, in: ebenda, B 162 AR 2629/67.

4 Zeugenaussage Johanna B., 7.10.1966, 14.10.1966 und 19.10.1966, in: ebenda, B 162 AR-Z 60/67.

5 Wilfried Feldenkirchen, Siemens1918-1945, München 1995, S 381 ff.

Literatur

Jörg Skribeleit, Die Aussenlager des KZ Flossenbürg in Böhmen, in Dachauer Hefte 15 (1999), S. 196-217

Hans Brenner, Frauen in den Aussenlagern von Flossenbürg und Gross-Rosen in Böhmen und Mähren, in: Theresienstädter Studien und Dokumente 1999, S.263-293

Rolf Schmolling

Extrait de l’ouvrage de Wolfgang Benz et Barbara Distel « Der Ort des Terrors » p.151

Traduit de l’allemand par Jacques Péquériau le 27 septembre 2012.

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