Historique du Kommando de Hertine (Rtyne)

Le Kommando extérieur de Hertine dépendant de Flossenbürg se trouve à environ 6 km au Sud-Est de Teplitz (Teplice) dans le village de Welboth (Velvety), appartenant à la circonscription d’Hertine en Bohême du Nord. Le 10 octobre 1944 un transport de 599 Juives Hongroises arrive du camp de concentration d’Auschwitz dans le camp nouvellement érigé de Hertine (1). Les détenues étaient destinées au travail forcé dans l’usine « Fabrique pour la mise en valeur de produits chimiques GmbH » à Welboth, une filiale du Konzern d’explosifs « Dynamit Nobel AG ».

D’après le témoignage d’un ancien détenu, le camp situé dans un morceau de forêt à proximité de l’usine, se composait de 5 baraques dans lesquelles environ 120 femmes dormaient sur des châlits de bois à trois niveaux. Chaque baraque était divisée en pièces séparées, contenant chacune entre 15 et 20 détenues. L’emplacement du camp était  entouré de fil de fer barbelé, et un mirador se trouvait à chacun des quatre coins du camp.(2)

Le chef du Kommando de Hertine était le SS Oberscharfüher Eberhard Walter Behr. Les équipes de gardiens SS se composaient en tout de 41 hommes, qui étaient logés en dehors du camp. Comme dans tous les camps de femmes, il y avait aussi à Hertine des gardiennes. Au nombre de 19, elles habitaient toutes dans la proximité de la ville voisine de Teplitz.

Entre janvier et mars 1945 l’effectif du Kommando était de 550 à 600 femmes. Le 6 janvier 1945, 27 femmes furent transférées du Kommando de Oederan dépendant aussi de Flossenbürg, et situé en Saxe, à Hertine, en même temps que 27 femmes étaient transférées de Hertine à Oederan. D’après le témoignage d’une détenue, ce transport consistait à échanger des détenues âgées contre de plus jeunes; étaient transférées à Hertine celles qui à Oederan fabriquaient des étuis de munition remplis de poudre, et ce travail n’était autorisé que pour les jeunes femmes d’au moins 18 ans.(3) Les inscriptions sur les registres matriculaires confirment ce témoignage ; les femmes transférées d’Oederan à Hertine  étaient nées en 1927 ou 1928 et celles partant pour Oederan étaient nées entre 1907 et 1922. Malgré tout, il restait à Hertine beaucoup de très jeunes femmes.

Un petit Kommando travaillant dans l’agriculture a été créé. La majorité des détenues devait cependant travailler en 3 vacations dans l’usine de munitions toute proche, et remplir bombes et grenades, de phosphore et de poudre.

Les mauvais traitements étaient à l’ordre du jour. Les détenues devaient enlever leurs chauds vêtements d’hiver ; en hiver elles devaient travailler dans l’usine en vêtements de travail légers, ce qui faisait que beaucoup tombaient malades. D’après des témoignages, une jeune fille a perdu la raison à cause des mauvais traitements et elle a été fusillée. À cause d’une explosion dans la fabrique de munitions mi-décembre 1944, une surveillante et toute une rangée de détenues ont été tuées. Comme les SS soupçonnaient un sabotage, d’autres détenues ont aussi été fusillées.(4)

À propos du nombre de morts au Kommando de Hertine, on ne dispose d’aucun chiffre. Dans les registres matriculaires de Flossenbürg il y a dans la période de fin novembre 1944 à fin janvier 1945 quatre cas de décès signalés et le transfert de deux femmes vers Ravensbrück le 16 janvier 1945. Cinq noms de femmes sont rayés et remplacés par d’autres ; à ce propos il s’agit bien d’une correction d’erreurs d’inscriptions.(5) La dernière situation d’effectifs conservée, celle du 13 avril 1945, indique seulement 394 détenues. Il n’y a pas d’explication plausible quant à la grande différence entre les situations de décès documentées et la faiblesse de l’effectif ci-dessus. Les corps des détenues décédées étaient vraisemblablement transportés puis incinérés au crématorium tout proche de Leitmeritz. Le 16 avril 1945 on a enterré 16 détenues Juives dans le cimetière de Hertine.(6)

Le camp a été évacué vers Theresienstadt mi-avril 1945. Les détenus ont effectués la plus grande partie du chemin par chemin de fer et ont été libérés par l’Armée Rouge le 8 mai 1945 à Theresienstadt.

D’après le témoignage d’un détenu, après l’évacuation du camp de Hertine, des femmes du Kommando extérieur de Chemnitz, dépendant de Flossenbürg, déjà évacué vers Leitmeritz, ont été installées dans l’usine de munitions de Hertine jusqu’à sa libération le 8 mai 1945.(7)

Les investigations de la Cour de Justice centrale de Ludwigsburg se sont tournées vers le SS Oberscharführer Eberhard Behr, qui d’après les indications d’un ancien détenu a été fusillé à la fin de la guerre. Les enquêtes se sont arrêtées en 1976.

Alfons Adam

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Notes (Anmerkungen)

  1. Barch Berlin NS 4/FL.393, Bd.2.
  2. Aussage Kornelia f.,1/3/1974, in Barch Ludwigsburg, ZStL IV 410 AR 721/73.
  3. Michael Düsing (Hrsg.), Wir waren zum Tode bestimmt. Lodz-Theresienstadt-Auschwitz-Freiberg-Oederan-Mauthausen, Leipzig 2002, S.106.
  4. B.Arch Ludwigsburg, ZStL4 410 AR 721/73.
  5. NARA, RG  338, 290/13/22/3, 000-50-46, Box 537 (Mikrofilm-Kopie in : AGFl).
  6. Schreiben des Bügermeisteramtes von Hertine, 15/4/1945, über die Beerdigung von 16 jüdischen Häftlingen auf dem Ortsfriedhof, in : Narodni archiv (NA), Prag, Okupacni vezenske spisy (OVS), Inv.c.83, Karton 162.
  7. Aussage Kazimiera G., 13/2/1970, in : BArch Ludwigsburg, ZStL IV 410 AR 721/73 ;vgl. auch die Ermittlungen zu Chemnitz (ebenda, ZStL IV 410 AR-Z 203/73) sowie Hans Brenner, Frauen in den Aussenlagern von Flossenbürg und Gross-Rosen in Böhmen und Mähren, in : Theresienstädter Studien und Dokumente 1999, S.269.
  8. Aussage Sarlota B., 21/5/1968, in : BArch Ludwigsburg, ZStL 410 AR 721/73.

Bibliographie (Literatur)

            Michael Düsing (Hrsg., Wir waren zum Tode bestimmt, Lodz-Theresienstadt-Auschwitz-Freiberg-Oederan-Mauthausen, Leipzig 2002.

            Hans Brenner, Frauen in den Aussenlagern von Flossenbürg und Gross-Rosen in Böhmen und Mähren, in : Theresienstädter Studien und Dokumente 1999, S.263-295.

            Jörg Skriebeleit, Die Aussenlager des KZ Flossenbürg in Böhmen, in : Dachauer Hefte 15 (1999), S.196-217.

Extrait de l’ouvrage de Wolfgang Benz et Barbara Distel « Der Ort des Terrors » p.143, 144, 145. Traduit de l’allemand par Jacques Péquériau le 13 mai 2021.

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