Michel Clisson nous a quittés le 25 octobre, à l’âge de 91 ans. Quelque soit l’âge de celui qui meurt, la séparation est toujours difficile à affronter. Et l’on revoit tout ce que nous avons vécu avec lui.

Michel avait 14 ans quand son père a été assassiné par de jeunes soldats nazis le 11 avril 1945 à Hradiscko (Tchécoslovaquie à l’époque).

Bien des années après, il a décrit dans le journal La Croix, le traumatisme insurmontable, jamais refermé, qu’il a vécu. Il était l’aîné de quatre enfants et s’est retrouvé responsable de sa famille.

Sa mère et lui ont été parmi les premiers de l’association créée en 1945 à se rendre en pèlerinage au camp de Flossenbürg et à Hradishko.

Il a adhéré tôt dans l’association pour en devenir un membre très actif. Il s’est consacré, au début, à l’organisation des pèlerinages, rejoint par mon oncle, l’abbé Louis Poutrain, déporté au kommando de Janovice, dans la même zone que Hradischko. Pour Michel, Hradishko est devenu un point d’attache au cours des nombreux pèlerinages si important qu’il en est devenu « citoyen d’honneur ».

Tous ceux qui participaient à ces voyages, déportés revenus de l’enfer, familles avec enfants et petits-enfants, jeunes lauréats du Concours de la Résistance et de la Déportation dont l’association régionale de l’UNADIF (Union Nationale des Associations des Déportés et Internés de France) réglait les frais, parfois accompagnés par leur professeur d’Histoire, revenaient bouleversés et différents de leur pèlerinage. Il suffit de lire leur témoignage qu’ils nous partageaient au micro sur le chemin du retour.

L’organisation de tels transports (2 options : courts sur Flossenbürg 2 jours – longs 8 jours Flossenbürg et plusieurs Kommandos) demandait à Michel et Chantal, son épouse, un énorme travail, partagé avec les secrétaires de l’époque. Je me souviens de Mme Péchiney, de Marie-Laure de La Cochetière et de Pascale Bourdon-Heinze, notre fidèle accompagnatrice et interprète.

Michel a pris la présidence de l’association à la suite de Robert Dèneri en 2002. Il s’est alors investi avec beaucoup de ténacité pour le maintien de la mémoire du camp, alors compromise par l’installation d’une usine sur la place d’appel en 1946, les poteaux de l’entrée déplacés. Dès 1946, les baraquements à gauche de la Kommandantur ont été rasés et remplacés par de coquettes maisons. Sans vouloir conserver le lieu en camp de concentration, la transformation a été trop rapide et cela fut douloureux pour les premiers déportés à revenir sur les lieux. Michel a obtenu la disparition de l’usine et le maintien de la place d’appel. Les bâtiments à droite et à gauche bordant cette place ont été maintenus, celui des douches abrite le Centre de Documentation que les Allemands ont très bien réussi et qui accueille un nombre impressionnant de visiteurs, surtout des classes entières de scolaires avec leur professeur ; celui de la cuisine, des salles de réunion et de séminaires divers.

Michel avait également une autre passion qu’il a mise au service de l’association, la création de films. Il avait acheté tout le matériel pour ce. Ayant créé une famille nombreuse, il a dû filmer et refilmer épouse, enfants, petits-enfants et amis.

Avec la voix de Chantal comme narratrice, il a monté un film racontant la déportation au camp de Flossenbürg, très bien fait. Et un autre, sur le Kommando de Hradishko.

Enfin, notre président a accompli un travail de Titan avec l’aide d’un proche de sa famille, Jean-Jacques Guilloteau et un ami de l’association, Jacques Péquériau : L’établissement de fiches dans le but de la création du site à venir de l’association ;

Le but en était de retracer le chemin parcouru de tou(te)s ceux déporté(e)s à Flossenbürg. Travail toujours en cours et qui le sera encore pour longtemps.

Michel, tu as largement mérité le repos éternel que ta foi promet.

Odile Delissnyder