Le camp extérieur de Flöha dépendant de Flossenbürg fut ouvert en mars 1944.Comme dans les deux autres camps extérieurs installés peu de temps auparavant à Johanngeorgenstadt et Mülsen St Micheln, l’usine de construction mécanique Erla-Leipzig y fabriquait sous licence des pièces d’avion de chasse Me 109. Déjà avant la guerre et dans ce but, les usines Erla avaient en partie transféré des entreprises dans les lieux indiqués. C’est dans la ville de Flöha, à environ 15 km à l’est de Chemnitz, que fut installé le lieu de production de pièces de fuselages dans une fabrique de tulle désaffectée.

D’après les archives de la Kommandantur de Flossenbürg faisant état des demandes faites jusqu’en juin 1944 à la S.A.R.L. Erla, puis plus tard à la firme Fortuna, faux nom de l’usine, la production débuta le 22 mars avec 52 détenus. A partir du 12 avril, on employa 44 ouvriers spécialisés et 204 manoeuvres – mais le nombre de maoeuvres retirés passa rapidement de 25 à 35 par jour. Fin mai 1944, environ 190 Français furent transférés de Buchenwald à Flöha ; à partir de début juin, plus de 400 détenus travaillaient dans le camp extérieur, ils furent 600 à partir du 16 juin. A partir de ce moment, la majorité des détenus furent employés comme ouvriers spécialisés. Cette évolution continua avec le même nombre de détenus : début décembre 1944, sur les 590 détenus, on comptait 80 manoeuvres et 510 ouvriers spécialisés1. Ce fait est en contradiction formelle avec les dires d’anciens détenus, selon lesquels la majorité d’entre eux ne possédait aucune connaissance technique. A Flöha les détenus français jouaient un rôle particulier, car, d’après de nombreux témoignages, ils formaient un groupe national fermé, contrairement, par exemple, aux prisonniers soviétiques. Ils étaient arrivés de Compiègne en passant par Auschwitz, Buchenwald et Flossenbürg, puis envoyés à Flöha. Parmi eux se trouvaient de nombreux intellectuels, dont l’écrivain surréaliste Robert Desnos, qui récitait ses propres oeuvres à ses compagnons de captivité ou organisait des soirées de chants2. Après la guerre, des détenus français firent révéler les investigations de la direction centrale de l’administration régionale de la justice à Ludwigsburg contre le chef du Kommando, SS-Oberscharführer Brendel. D’après les dossiers, Brendel se rendait constamment coupable de graves brutalités et d’assassinats de détenus3. C’est ainsi que, au milieu de 1944, deux jeunes Russes furent pendus à cause d’un prétendu sabotage sur des conduits entre deux bâtiments de l’usine4. On a aussi des documents sur des tentatives de fuite d’au moins neuf détenus soviétiques et un prisonnier polonais ; quelques-uns des fugitifs furent pris et conduits à Flossenbürg, où ils moururent. En plus de fugitifs repris et de malades, furent renvoyés au camp central de Flossenbürg des jeunes gens, dans un cas 22 détenus russes nés en 1926 et 19275. La plupart du temps les transports sur Flöha arrivaient du siège des usines Erla à Leipzig-Thekla, où se trouvait un camp extérieur dépendant du KZ Buchenwald. Les détenus étaient hébergés dans un bâtiment de l’usine à plusieurs étages, qui était clôturé par du fil de fer barbelé et entouré de miradors6. Les postes de travail se trouvaient dans le même bâtiment, si bien que, souvent des mois durant, les détenus ne pouvaient pas quitter le cadre de l’usine.

1 Forderungsnachweise der Kommandantur Flossenbürg für die Monate März bis Dezember 1944, in : BArch Berlin, NS4/Fl 393 Bd.1.

2 Robert Laurence, Souvenirs de Déportation, in : Europe – revue littéraire mensuelle, Mai-Juin 1972, Themenheft Desnos, S.138-145.

3 Brief von A.Lechevallier an Simon Wiesenthal, 28.11.1967, Übersetzung in: BArch Ludwigsburg, ZStL.IV 410AR-Z 236/75.

4 Aussage Philipp K., 29.4.1969, in: ebenda.

5 Häftlingsüberstellung vom 11.5.1944, in: CEGESOMA, Mikrofilm 14368+.

6 Die Schilderung im Folgenden beruht aufErinnerungsberichten, v.a.von Paul Randey, Ma deportation, in : AGFI.

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