Le témoignage de la détention de Roger Caillé (185209) dans les camps d’extermination nazis.
Sa vie ne tenait plus qu’à un fil lorsqu’il a été libéré. Pendant 14 mois, dans le supplice des camps d’extermination nazis, ce garçon de 20 ans a défié l’inhumanité, la bestialité, l’anéantissement. « La Fugue de Barbarie » témoigne de son combat où la volonté de vivre devient résistance. Cet homme, modèle de courage, je le connais bien : c’est mon père.
Avril 1945. Malade, Roger va-t-il mourir ? Février 1944. Dénoncé, il est arrêté à Gaillac avec ses camarades de résistance par la Gestapo et jeté en prison. Deux mois plus tard, à Royallieu-Compiègne, ce jeune homme est propulsé dans un wagon à bestiaux bondé jusqu’à la gueule. L’Amicale connait si bien ce Convoi de 1.700 hommes d’âge, de condition, de religion, de métier… différents. Un trajet cauchemardesque sans boire, ni manger. Après moult détours, il débarque 4 jours plus tard à Auschwitz-Birkenau. Démarre pour Roger un périple où l’inhumanité, la négation de l’individu, les privations et les mauvais traitements sont quotidiens pendant un an. Avec détermination, il survit – malgré tout – aux camps d’extermination de Auschwitz-Birkenau, Buchenwald, Flossenbürg, Hersbruck et Dachau. 29 avril 1945. C’est une lueur d’à peine 35 kilos, rongé par le typhus, la dysenterie, la pleurésie et auto-amputé, que les Américains découvrent à la libération du camp de Dachau. S’ouvre un nouveau et long combat: celui de sa reconstruction, avec ses blessures physiques et psychiques qui ne cicatriseront jamais entièrement.
Extraits
« 16 juin1945. Une ambulance me reconduit en France. Miraculeusement, je reviens de l’Erèbe. En triste état, mais vivant. Quatorze mois à subir maltraitances, privations, mortifications dans les pires camps d’extermination nazis : Auschwitz-Birkenau, Buchenwald, Flossenbürg, Hersbruck, Dachau. Quatorze mois à survivre à la Barbarie.La Frontière passée, je m’écroule dans un flot de larmes continu. Je pleure de tristesse ces milliers de camarades, de détenus qui, eux, ne reviendront jamais. Je pleure de haine envers mes tortionnaires. Je pleure mon enfance, certes malheureuse, mais qui m’a forgé un caractère entier empli de courage et de détermination. Je pleure de joie à ma liberté retrouvée. Cette liberté, si durement acquise.L’ambulance me guide vers mon destin. Comme un arbre calciné, je rêve d’être une jeune pousse qui naîtrait des cendres. Je n’ai après tout que 21 ans, mais déjà vécu mille ans. J’ai une existence à construire. Une vie heureuse ? Tout en moi le désire. »
« Lorsque le blockführer vient comme chaque matin visiter les blocks, il me demande ce que j’ai fait. Je lui dis, bravache, que je ne comprends pas l’allemand. Il appelle le chef de block qui lui raconte mon méfait. Le blockführer conclut qu’un comportement comme le mien, dans son block, est inadmissible. Cela mérite, une punition exemplaire, voire la pendaison. Ainsi informé, l’officier SS ordonne qu’on me punisse de vingt-cinq coups de tuyaux en caoutchouc. Ouf, j’ai déjà échappé à l’horreur de la pendaison. C’est mieux que rien. »
« Je grimpe en m’agrippant à ce que je trouve : racines d’arbres, herbes, roches… J’arrive à me hisser jusqu’en haut. Je n’ai pas le temps de me mettre debout que le kapo me pousse pour me faire retomber au fond du ravin. Je remonte malgré tout et, trois fois de suite, d’un coup de pied, le kapo me renvoie en bas. Au fur et mesure de mes remontées, je sens mes forces m’abandonner, je ne sens plus mes mains blessées par les cailloux, saisies par le froid. Je pleure à chaudes larmes comme un enfant. Ce n’est plus mon corps qui me porte mais ma tête. Elle me dit de tenir bon. »

Pascal Caillé, après une carrière entre journalisme et communication, se passionne pour l’histoire unique et tragique de son père : Roger Caillé, dans les camps nazis. La Fugue de Barbarie est née de sa volonté de compiler des témoignages qu’il glane de-ci, de-là, d’extraits de conférences, de discussions qui par petits bouts finiront par décrire sans en cacher les détails les plus éprouvants d’un des événements les plus incandescents du XXe siècle. À travers le dépassement héroïque de la souffrance d’un homme qui aurait dû mourir, ce mémorial filial valorise la courageuse détermination de l’être humain à vivre dignement même face à la pire des barbaries.
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